Le projet Mobilien consite à améliorer 17 lignes de bus parisiennes, considérées comme complémentaires du métro, du RER et du tramway, avec les caractéristiques suivantes :

  • service 7 jours sur 7, de 6h00 à 0h30
  • régularité (fréquence élevée, temps de parcours fiables et rapides)
  • quais et véhicules aménagés pour faciliter l'accès des personnes à mobilité réduite
  • temps d'attente affiché aux arrêts et temps de parcours affiché dans le bus
L'aspect le plus visibles du projet Mobilien est la réalisation de couloirs en site propre pour les lignes concernées et donc nécessairement, d'une rédaction de l'espace disponible pour la circulation des voitures. S'il est perçu comme nouveau à Paris, le concept de bus à haut niveau de service existe dans plusieurs villes d'Europe et d'Amérique. A Berlin, par exemple, cela s'appelle les Metrolinien.

Une récente étude prétend démontrer que ces mesures de réduction de l'espace occupé par l'automobile à Paris sont inutilement brimantes pour les automobilistes, sans faire baisser la pollution ni réellement améliorer la situation des usagers des transports en commun. Un des itinéraires dont l'aménagement est le plus critiqué concerne la ligne 91, qui relie la Bastille à la Gare Montparnasse, via les Gares de Lyon et d'Austerlitz.

Mes activités professionnelles m'ayant conduit à proximité, j'ai testé le nouvel aménagement de la ligne 91 lundi 16 janvier 2006. Il est 14h15 quand je sors de la Gare de Lyon. Je vois un 91 qui est en train de démarrer. Je rejoins l'arrêt sans me presser.  Un affichage dynamique m'indique le temps d'attente pour les deux prochains bus. A 14h21, comme prévu, mon bus arrive. La Gare d'Austerlitz est atteinte à 14h26, les Gobelins à 14h32 et la Gare Montparnasse à 14h47. Le site propre, en travaux, n'est pas encore utilisable entre les Gobelins et Observatoire - Port Royal. Deux bémols : l'absence de priorité aux feux et la signalisation défilante, à l'intérieur du bus, désynchronisée avec le parcours réel. Cependant, étant amené à effectuer ce trajet une ou deux fois par an depuis une vingtaine d'années, je peux dire que c'est la première fois que le bus roulait avec une telle régularité.

La présence de nombreux taxis sur le site propre ne semble pas gênante. Plus surprenant, la circulation automobile parallèle au site propre bus est assez fluide. Les aménagements auraient-ils un double effet :

  • fluidifier la circulation des bus
  • dissuader les automobilistes d'emprunter l'initéraire et, par conséquence, faciliter la circulation des automobiles restantes ?

Cette petite expérience ne se prétend pas scientifique, mais je peux dire que je n'ai rien vu qui ressemble de près ou de loin aux catastrophes décrites par les contempteurs de Mobilien. J'en arrive alors à me poser une question : ont-ils pris le bus 91, au moins une fois, pour essayer ? Ou sont-ils restés dans leur voiture, incapables d'imaginer qu'il existe d'autres moyens de transport ?