C'est Alfred Sauvy, dans Les quatre roues de la fortune : essai sur l'automobile, en 1968. Je viens de lire ce livre qui a très peu vieilli, malgré ses quarante ans.

Toujours extrait du même ouvrage :

La route a l'avantage du porte à porte, du choix de l'heure de départ, de la liberté d'horaire et d'arrêt ; mais qu'il s'agisse de dormir, de manger, de lire un roman policier, de glorifier Vespasien, de jouer au bridge, de consulter un dossier, de faire quelques pas, le wagon l'emporte très largement, même pour celui qui ne conduit pas.

ou bien :

Tant qu'une croissance continue ne rencontre pas de résistance, il est tentant de penser qu'elle est illimitée. Les constructeurs de voitures ont produit inlassablement des mètres carrés de surface mobile, sans se soucier de savoir si les mètres carrés de surface fixe ne pourraient venir à manquer. Autrement dit, ils n'ont eu connaissance du mur que le jour où ils sont arrivés sur le mur.

et encore :

Ce sont les besoins qui créent l'appauvrissement ; des Asiatiques, des Africains, des Américains du sud voient avec stupeur les Européens proclamer partout leur misère, avec un niveau de consommation dix fois supérieur au leur.