Avec le vélo, pas de problème de stationnement et un coût d'utilisation très faible. Pour les trajets plus longs, j'utilise le train, le métro, le tram ou le bus. Je peux mettre à profit le temps de transport pour lire, écrire (j'ai écrit cet article dans le train) ou dormir et j'évite le stress de la conduite, surtout lorsque le trafic est dense ou les conditions météorologiques difficiles. Tout cela, en diminuant ma participation au réchauffement climatique et à la pollution. Bref, je me sens plus libre et plus responsable.

Avec Linux et les logiciels libres, j'évite les virus et je dispose d'un système très stable. Quand une application se plante, ce qui arrive rarement, il suffit de l'arrêter, sans perturber tout le système. Le nouvelles versions sont gratuites et peu gourmandes en mémoire. Elles ne rendent donc pas obsolète un ordinateur acheté il y a seulement quelques mois. Il n'est pas nécessaire de télécharger un patch de sécurité presque toutes les semaines. Quand j'installe un logiciel, il ne modifie pas ma configuration sans me demander avant la permission. Tout cela, en évitant de conforter la position d'une entreprise qui détient un quasi-monopole sur les systèmes d'exploitation, les navigateurs internet (contesté depuis peu par Firefox) et les suites bureautiques.  Bref, je me sens plus libre et plus responsable.

Mais...

Il est difficile de trouver un vendeur et un réparateur de vélos de ville, car le marché français (à la différence des marchés allemand ou hollandais, par exemple) est trop étroit. En revanche, aucun problème pour trouver un concessionnaire automobile. Il faut apprendre à traverser certains carrefours dangereux ou à attacher son vélo là où rien n'est prévu pour le faire. Il faut aussi se plier aux horaires des trains et des bus. Ils sont d'autant moins fréquents que la majorité des gens utilisent leur voiture, qui est encore perçue comme le mode normal de déplacement, le vélo et les transports en commun étant perçus comme des modes alternatifs. Quant à l'autopartage, il est encore presque inexistant en France. C'est pourquoi j'ai encore une voiture, que j'utilise lorsque le vélo ou les transports en commun deviennent trop peu pratiques.

Il est difficile de trouver un ordinateur équipé d'origine avec Linux, alors qu'ils sont tous vendus d'office avec la dernière version de Windows. De même, il reste encore trop de sites web conçus pour ne fonctionner qu'avec Microsoft Internet Explorer. Enfin, certains périphériques (des scanners, par exemple) n'ont pas de pilote pour Linux et ne peuvent fonctionner que sous Windows. Windows est perçu comme le système d'exploitation normal, Linux étant considéré comme un système d'exploitation alternatif. C'est pourquoi j'ai les deux systèmes sur mon ordinateur et il m'arrive parfois, en désespoir de cause, d'être obligé de redémarrer sous Windows.

Les principaux défauts du vélo, des transports en commun ou de Linux n'ont rien de structurel. Ils se résument aux inconvénients de la marginalité dans une société qui se réfère encore à une autre norme, fort heureusement de plus en plus contestée. Et l'enjeu, c'est justement de faire changer la norme.