Déchets
Par Alain Caraco le vendredi 9 juin 2006, 22:05 - Mentalités - Lien permanent
Suite du récit d'un provincial, toujours perdu à Paris, et effrayé par la quantité de déchets parmi lesquels il a fini par trouver son repas.
Si j'étais dans les bus parisiens le 8 juin, c'est que je me rendais à un congrès professionnel. Petit retour en arrière. J'étais venu à Paris en TGV, dans lequel j'avais dégusté un repas de voyage allégé en déchets. Pour ceux qui ne connaissent pas cette spécialité, voici le menu.
Menu du voyageur
Formule plat + dessert allégée en déchets
Plat principal
Le sandwich provincial écologique
On va acheter à pied ou à vélo dans un commerçe de proximité du jambon, du saucisson, du fromage ou de la truite fumée et du pain. On complète avec un peu de salade ou de légumes crus et de fines herbes du marché ou du jardin. On peut tartiner le pain de beurre, de moutarde ou de fromage frais Le sandwich est d'abord emballé dans la feuille de papier alimentaire qui a servi au jambon, puis dans le sac en papier qui a servi au pain. Les plus précautionneux pourront ajouter un sac en plastique, à condition de le réutiliser au moins cinq fois ! Les solides appétits feront deux gros sandwichs au lieu d'un. Le gourmets pourront faire deux petits sandwichs, mais avec deux garnitures différentes.
Dessert
Les fruits secs ou les fruits frais de saison
Là encore, les affamés pourront prendre les deux.
Boisson
L'eau du robinet dans sa gourde de 0,6 litres
La gourde est une petite merveille de technologie moderne. Elle est légère, étanche et a à peu près le format d'une petite bouteille d'eau minérale. Elle coûte entre 6 et 9 euros (chez Décathlon ou au Vieux Campeur), soit environ trois à quatre fois plus cher qu'une petite bouteille d'eau minérale achetée dans le train ou à la gare, mais, une fois vide, on peut la remplir à nouveau, gratuitement et autant de fois que l'on veut ! On peut également remplir la gourde avec du jus de fruit ou du vin, mais c'est moins efficace pour la soif, surtout quand il fait chaud !
Le lendemain, sur le lieu du congrès, j'ai pu goûter le repas prévu par les organisateurs. Sur chaque table se trouvaient six boîtes en carton verni, très élégantes. En dépliant précautionneusement chaque boîte, on en faisait un set de table, sur lequel on pouvait disposer les quatre petites assiettes garnies en plastique transparent, un vrai verre en verre et des couverts en inox, munis d'un manche en belle matière plastique. Design de l'emballage, de la vaisselle et présentation soignée des quatre plats froids : effet visuel garanti ! Et pas mauvais au goût ! Mais une montagne de déchets, tout étant jetable, y compris les verres et les couverts ! Afin que l'irresponsabilité soit totale, tous les déchets verre compris, sont partis dans le même sac poubelle, en direction de l'incinérateur. Rien de durable, tout jetable ! Comme notre société ?
Dois-je préciser que j'ai vraiment été très heureux de retourner en Province ?
Commentaires
Pas très écolo de manger des morceaux de cadavres d'animaux :-(
Je mange relativement peu de viande (disons moins que la moyenne dans nos pays riches) et je serais prêt à en manger encore moins si la société s'y mettait, pour réduire son empreinte écologique. Cependant j'assume tout à fait mon rôle de prédateur omnivore dans la chaîne alimentaire :-)
"et je serais prêt à en manger encore moins si la société s'y mettait"
Attention à ne pas tomber dans les arguments des pollueurs. Combien de fois ai-je entendu des gens dire des choses comme: moi j'arrêterai de polluer le jour ou les autres le feront ; je prenderai mon vélo le jour où nos dirigeants montreront l'exemple ; j'arrêterai de prendre ma voiture le jour où j'aurais un transport en commun à 50m de chez moi avec des passages toutes les 3 minutes ; etc.
Ceci dit, je ne suis pas contre un jambon-beurre ou un sandwich au saucisson pour un pique-nique. Le travers qui n'est bon ni pour la santé, ni pour l'empreinte écologique c'est de manger de la viande rouge à tous les repas. Ensuite, être pour ou contre tuer les bêbêtes pour les manger n'est pas pour moi un débat d'ordre écologique (du moment qu'on ne fait pas disparaître des espèces bien sûr, mais autant que je sache le cochon n'est pas une espèce en voie de disparition).
La question des responsabilités respectives de l'individu et de la société est complexe. Il n'est pas nécessaire d'attendre que la société (ou les autres) fasse le permier pas pour commencer. Cependant, sauf à se marginaliser fortement, voire à se désocialiser, on finit par atteindre les limites des choix individuels et à butter sur les choix collectifs. Voir par exemple cette conversation (commentaires 3 et 4).