Le train

Le trajet Strasbourg-Bâle s'est passé sans problème, grâce au TER Alsace, cadencé à l'heure sur cette liaison, même le dimanche en plein mois d'août. Très pratique, le Pass Evasion permet, pour 27 euros, à un groupe composé de deux à cinq personnes (la capacité d'une voiture) de circuler librement en TER pendant toute une journée dans toutes l'Alsace, y compris de et vers Sarrebourg, Bâle et Belfort). Ensuite, j'ai pris un ICE allemand qui allait de Bâle à Berne. Cette liaison est cadencée à la demi-heure, comme la quasi-totalité des liaisons intercités en Suisse et ce, sept jours sur sept et sans réservation obligatoire !

A bord des trains intercités, systématiquement aux heures de repas, mais aussi souvent en heure creuse, on trouve un service de bar-restaurant. Les boissons chaudes y sont servie dans des vraies tasses et les boissons fraîches dans des vrais verres. Au restaurant, les tables sont recouvertes de nappes en tissus et les plats servis dans de vraies assiettes, avec de vrais couverts en métal. Les prix sont sensiblement les mêmes que dans les villes suisses, c'est-à-dire plus cher que dans les villes françaises, mais à peine plus élevés que dans les bars des TGV français, où on mange debout dans de la vaisselle jetable. Je ne m'étendrai pas sur le trajet Berne-Genève, le lendemain, qui s'est effectué dans les mêmes excellentes conditions.

La gare

Les gares de Bâle, Berne et Genève, dans lesquelles je me suis arrêté, ainsi que celles de Lausanne, Lucerne, Winterthour et Zurich, comprennent un grand centre commercial, appelé RailCity. Les magasins sont largement ouverts, sept jours sur sept, souvent dès 6 heures le matin et jusqu'à 22 heures ou minuit le soir, contrairement aux commerces traditionnels suisses, qui ferment au plus tard à 19 heures, voire 17 ou 18 heures le samedi et qui sont fermés le dimanche. On y trouve bien sûr, comme en France, des bars, des restaurants et des marchands de journaux. Mais aussi des magasins d'alimentation, des pharmacies, des coiffeurs, des boutiques en tout genre et même parfois une halte-garderie. Alors qu'en France les commerces les plus largement ouverts se trouvent sur des lieux conçus pour les automobilistes (hypermarchés, stations-services et aires d'autoroutes), en Suisse, ils sont au contraire au coeur des villes, là où s'arrêtent tous les trains, les trams et les bus.

Juste un petit regret à la gare de Genève : il n'y a pas de distributeur automatique des billets de TER Rhône-Alpes, qu'il faut aller acheter à la boutique SNCF, place de le gare, au prix d'une longue attente parmi les personnes qui viennent préparer leurs vacances en France.

Bernmobil

Le nom du réseau de tram et de bus de Berne résume bien le concept : Bernmobil assure la mobilité de tous, dans de bonnes conditions. Le plus frappant pour un français débarquant à la gare de Berne le dimanche 16 août est la fréquence des trams et des bus : un passage toutes les 10 minutes, dans toutes les directions, l'heure du prochain passage étant systématiquement affichée.

Berne est une ville d'environ 130 000 habitants, au sein d'une agglomération un peu inférieure à 350 000. Signe d'une urbanisation maîtrisée, le réseau comprend peu de lignes (3 de tramway, 5 de trolleybus et 13 d'autobus), mais à haut niveau de services. Presque toutes les correspondances se font à la gare centrale, sous une sorte d'immense parapluie de verre inauguré au printemps 2008.

Le réseau de tramway n'ayant jamais été supprimé, il conserve des caractéristiques anciennes : rames unidirectionnelles au gabarit étroit (2,30 m), voie métrique, quasi-absence de site propre ou de priorité au feu. Il est très surprenant pour un français de se trouver dans un tramway qui attend un feu vert ou la libération d'un quai par la rame précédente ! Cependant les rames sont modernes (Siemens Combino) ou rénovées et faciles d'accès.

Tous les trolleybus et la grande majorité des autobus sont articulés : de bons transports en commun, ce ne sont pas de véhicules plus grands OU plus fréquents, mais plus grands ET plus fréquents.

Dans tous les véhicules, repérables de loin grâce à leur livrée couleur framboise, j'ai été surpris par le nombre élevé de places assises et le peu d'espace réservé aux voyageurs debout ou en fauteuil roulant, aux poussettes et aux bagages.

Lorsqu'on observe d'un peu plus près les horaires, on constate quatre périodes de circulation, sur la quasi-totalité des lignes :

  • du lundi au vendredi, la fréquence est généralement de 6 minutes (parfois 3 ou 4 minutes) jusqu'à 19 heures, puis de 10 minutes jusqu'à 21 heures et de 15 minutes jusqu'à minuit.
  • le samedi, elle est de 6 à 8 minutes jusqu'à 17 heures, puis de 10 minutes jusqu'à 21 heures et de 15 minutes jusqu'à minuit.
  • le dimanche, elle est de 10 minutes jusqu'à 21 heures et de 15 minutes jusqu'à minuit.
  • du lundi au vendredi, de mai à début août, la fréquence est légèrement réduite, mais reste supérieure à celle du samedi. Cette période d'horaires d'été, très avancée m'a surpris. Est-ce lié au rythme local des vacances ? Y a-t-il moins d'usagers des transports en commun à la belle saison, certains Bernois préférant alors le vélo ou la marche à pied ?

Sauf exception, les horaires sont très lisibles et les heures de pointes peu marquées. Je suppose que la capacité supplémentaire en heure de pointe est obtenue avec les places debout, les places assises étant la norme le reste de la journée.

Bref, cette expérience estivale qui me laisse penser que ma vision d'une mobilité durable n'est peut être pas si difficile à concrétiser !