Telle qu'elle est actuellement mise en oeuvre en France, la billettique coûte cher en investissement à la collectivité, en échange de statistiques fines sur l'usage des transports en commun. Pour l'usager, elle est largement source de contraintes :

  • obligation de valider systématiquement sa carte, sous peine d'amende, alors qu'on a déjà payé son abonnement
  • difficulté de savoir quels titres valides contient sa carte
  • opérations longues et complexes de rechargement au distributeur automatique
  • dissymétrie d'information. Alors que l'opérateur dispose de traces précises sur l'usage d'une carte, son porteur n'a pas accès à ses propres informations
  • difficulté à obtenir des justificatifs lorsqu'on doit se faire rembourser un trajet par son employeur

Pourrait-on dépasser ces obstacles ?

Pour la collectivité, la question est d'abord d'ordre économique et écologique. Il faudrait tout d'abord faire un bilan sincère du coût d'investissement et de fonctionnement pour sa durée de vie prévisible d'un système billettique complet (distributeurs, valideurs, terminaux portables de contrôle, cartes à puce). On veillera en particulier à la solution retenue pour les tickets à l'unité : je n'ose pas imaginer une carte à puce jetable pour ce genre de titre, qui représente souvent le quart des voyages sur un réseau urbain. On comparera ces coûts économiques et écologiques au maintien et au renouvellement des systèmes de billetterie papier traditionnelle. Je n'ai jusqu'à présent pas vue ce genre d'étude.

Pour l'usager, la billettique pourrait présenter un intérêt s'il peut s'approprier cet outil. Plusieurs fonctions sont à envisager :

  • une tarification qui s'adapte à l'usage réel, en plafonnant la somme perçue au forfait la plus avantageux pour l'usager (voir exemple ici)
  • la possibilité de choisir les dates de validité d'un abonnement. L'abonnement mensuel valable 30 jours à partir d'une date choisie, ou hebdomadaire valable 7 jours, c'est autrement plus souple que l'abonnement valable du premier au dernier jour du mois ou du lundi au dimanche.
  • un accès facile à l'historique des consommations, au guichet, aux distributeurs automatiques et sur internet, avec une impression facile de justificatifs lorsqu'on doit se faire rembourser un trajet par son employeur
  • un rechargement facile des cartes à puce, non seulement au guichet et au distributeur, mais aussi sur internet. Cela peut passer, comme le font déjà certains réseaux, par la vente à coût modique de lecteurs de cartes à puce connectables à tous les ordinateurs (sous tous systèmes d'exploitation) ou la vente de cartes à puce directement connectables sur un port USB

Bien sûr, l'existence de titres anonymes doit être préservée.

La billettique n'est pas un système à refuser par principe, mais son intérêt pour la collectivité comme pour l'usager doit d'abord être démontrée.