Parce que ne rien faire serait pire. Si on avait écouté ceux qui, au nom de l'écologie, étaient contre le TGV Paris-Lyon dans les années 1970, on aurait aujourd'hui doublé l'autoroute A6 et on aurait des avions toutes les 30 minutes entre Paris et Lyon.

Parce que c'est à notre portée maintenant, alors qu'on en parle depuis 20 ans et que si on laisse passer cette occasion, on en parlera encore dans 20 ans et que pendant ce temps, on aura laissé rouler les camions à travers la Savoie et réalisé le contournement autoroutier de Chambéry.

Parce que si on veut être absolument sûr qu'on tient le projet absolument-parfait-avec-toutes-les-garanties-imaginables, on ne fera rien, sinon laisser se poursuivre la tendance actuelle de transfert du trafic du rail vers la route. D'autres hypothèses (le fameux « plan B » et ses nombreuses variantes) sont théoriquement envisageables. Mais rien ne garantit qu'elles seront moins chères, plus efficaces et avec un moindre impact sur les zones traversées. En revanche, on peut avoir la certitude qu'elles se réaliseront beaucoup plus tard, si toutefois elles se réalisent une jour.

Parce qu'il faut choisir son risque : celui de faire un ouvrage qui ne sera peut-être pas utilisé à sa totale capacité ou celui de ne pas pouvoir faire le report modal de la route vers le rail.

Parce que toutes les projections en matière de trafic (à la hausse comme à la baisse) à plus de 10 ans sont totalement hypothétiques et aléatoires. La ligne nouvelle Lyon – Chambéry – Turin est une infrastructure qu'on construit au moins pour deux siècles. Si Germain Sommeiller, entre 1860 et 1870, avait dimensionné son tunnel pour le trafic prévisible à 10 ou 20 ans, il aurait fallu refaire le tunnel avant la fin du XIXe siècle.

Parce que si on appliquait en France une taxe poids-lourds au niveau de celle appliquée en Suisse, on pourrait financer l'ensemble du projet avec seulement trois ans ans de recettes (dont le tunnel de base avec seulement un an).

Parce que ce n'est pas un simple projet de TGV, mais au contraire un moyen indispensable pour permettre de faire circuler plus de TER (Chambéry- Saint-André-le-Gaz – Lyon, Chambéry – Aix - Culoz – Lyon, Chambéry – Maurienne, Chambéry - Tarentaise), en libérant des sillons sur le réseau classique.

Parce qu'il est impossible d'aménager les lignes anciennes concernées pour faire circuler des trains entre 200 et 240 km/h, comme le prétendent certains. Les lignes Chambéry - Saint-André-le-Gaz – Lyon, Chambéry – Aix-les-Bains - Culoz – Lyon et Chambéry – Maurienne traversent des zones fortement peuplées, comportent de nombreux passages à niveaux et des courbes serrées.

En deux mots : parce que je suis écologiste et réaliste.