nous venons tout juste de tourner la page d’un quinquennat de brutalités, d’injustices et de discriminations ; d’un quinquennat où les Français-es furent sans vergogne dressés les uns contre les autres

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Si nous sommes parvenus à nous libérer de cette violence insoutenable, c’est entre autres parce que la gauche et les écologistes, avec responsabilité, ont choisi d’unir leurs forces pour la présidentielle et les législatives

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Lestés de cette dette héritée du passé, nous partageons avec vous, Monsieur le Premier ministre, le poids de la responsabilité qui nous incombe, face à la jeunesse de notre pays : c’est à notre majorité qu’il revient, désormais, d’entreprendre les efforts nécessaires à l’assainissement de nos finances publiques.

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Toutefois, malgré l’exigence de justice à laquelle s’astreint votre gouvernement, les efforts à consentir pèseront sur nos concitoyen-ne-s. Et s’ils y sont, dans leur majorité, sans doute prêts, il ne faudrait pas, dans 5 ans, venir leur expliquer que leurs efforts ont été vains. Or vous avez dit (hier), Monsieur le Premier ministre : « rien ne sera possible sans le retour de la croissance »…

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On touche là, chacun le sait, au cœur du paradigme écologiste, selon lequel la progressive raréfaction des ressources entraîne inéluctablement une augmentation des prix et un ralentissement de la croissance. Il ne s’agit pas seulement d’une théorie : en France, dans les années 60, la croissance fut en moyenne de 5,7% par an ; dans la décennie 70, elle fut de 3,7% ; dans la décennie 80, de 2,4% ; dans la décennie 90, de 2% ; et de 1,1% dans les années 2000. Sachant de surcroît qu’une part de cette croissance moribonde a été artificiellement créée par la dette qui nous submerge aujourd’hui, il ne nous semble plus permis de croire – car il s’agit bien d’une croyance, Monsieur le Premier ministre – il ne nous semble plus permis de croire au retour d’une croissance durable, au-delà des variations conjoncturelles.

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De ce point de vue, sauf à ne jamais sortir de ce cercle infernal, il n’est plus possible, selon nous, de fonder un modèle économique et social sur le seul hypothétique retour de la croissance, en se bornant à considérer les questions écologiques comme un luxe ou un supplément d’âme.

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Pour conclure, Monsieur le Premier ministre, je crois que nous avons en partage un même sentiment de responsabilité face à l’urgence de réforme que commande l’état de notre pays, alors même que l’extrême-droite et son idéologie y sont de plus en plus prégnantes. En matière de transition écologique, ne pas agir, c’est faire un choix, celui du statu quo, qui s’avérera à la fin toujours le plus coûteux, notamment pour les plus fragiles qui comme toujours pâtissent les premiers des situations difficiles. Notre responsabilité d’écologistes, Monsieur le Premier ministre, consiste donc à réussir, en pesant sur les politiques publiques, à piloter la transition plutôt qu’à laisser nos concitoyen-ne-s la subir. En conséquence, et malgré certaines différences d’analyse, nous sommes convaincus, Monsieur le Premier ministre, que notre place est à vos côtés : au Gouvernement, avec Cécile Duflot et Pascal Canfin, et au Parlement, avec dans chaque assemblée un groupe autonome, libre de sa parole et de ses votes.

Texte intégral ici : http://jeanvincentplace.eelv.fr/les-ecologistes-au-senat-ont-donne-leur-confiance-au-gouvernement-ayrault/