Les usagers occasionnels représentent une clientèle potentielle très importante pour les TER

La majeure partie des études sur les déplacements montrent que 70 % des déplacements sont occasionnels (ni domicile-travail, ni domicile études). De ce fait, la notion de jour « moyen » a peu de signification.

Les déplacements occasionnels s'effectuent majoritairement en voiture, parce que l'offre TC n'est pas suffisamment adaptée pour concurrencer la voiture. Outre ce qui a été dit lors de la table ronde, je souhaite formuler les quelques propositions concrètes ci-après.

Souplesse horaire

Concurrencer l'automobile suppose d'offrir de la souplesse dans le choix des horaires. Le cadencement horaire répond bien à ce besoin, à condition qu'il soit effectif. La présence de trous dans la grille horaire (en semaine pour cause de plages de surveillance, le samedi et le dimanche, pour faire des économies) dégrade cette qualité essentielle.

Solution de transport de porte à porte

Concurrencer l'automobile suppose d'offrir une solution de transport de porte à porte et non uniquement de gare à gare. Il importe de disposer d'une tarification incluant les premiers et surtout derniers kilomètres. En effet, les premiers kilomètres se font a priori sur un territoire connu par le voyageur, sur lequel il sait trouver les moyens de se rendre à la gare (à pied, à vélo, en TC, en voiture) et, si nécessaire, de garer son vélo ou sa voiture. En revanche, les derniers kilomètres se font sur un territoire moins connu. L'absence de continuité tarifaire, avec la perte de temps associée est un des problèmes à résoudre. Une solution simple consisterait à proposer en option un billet de libre circulation pendant 24 heures sur le réseau de l'agglomération de destination, en même temps que l'achat du billet de TER et sur le même support (papier ou carte OùRA). Un billet du même type pour les premiers kilomètres serait également utile si on peut acheter son titre de transport par internet, sans avoir besoin de se rendre à la gare.

Tarification adaptée aux occasionnels

Le modèle tarifaire des TGV (yield management), dans lesquels les voyageurs paient d'autant moins cher qu'ils voyagent dans un peu train demandé, permet d'obtenir un taux de remplissage des trains élevé, quelle que soit l'heure de circulation.

Le modèle tarifaire des TER est à l'opposé. Les trains surchargés des heures de pointe sont occupés principalement par des abonnés, qui bénéficient d'une réduction d'environ 75% par rapport au plein tarif, tandis que les voyageurs des trains peu occupés des heures creuses paient le plein tarif, souvent dissuasif, surtout lorsqu'on voyage à plusieurs. Sans remettre en question l'utilité sociale des abonnements utilisés par les pendulaires, plusieurs aménagements tarifaires sont nécessaires pour rendre attractif les TER pour les occasionnels, en les incitant à privilégier les trains les moins chargés, en dehors des heures de pointe. L'intérêt de ces mesures est multiple :

  • rendre le TER économiquement concurrentiel face à la voiture pour les déplacements occasionnels,

  • augmenter les recettes des TER hors heures de pointe, sans nécessiter de coûts supplémentaires pour la collectivité, les trains circulant en heures creuses offrant déjà de nombreuses places disponibles,

  • pérenniser la circulation des TER en heures creuses, ce qui maintient leur attractivité pour les usages occasionnels.

Tarif mini-groupe

Le coût marginal de l'utilisation de la voiture (essence + péage) est généralement plus faible que celui du TER plein tarif dès qu'on voyage à plus de deux. Un billet de mini-groupe (2 à 5 personnes, soit la capacité courante d'une voiture) doit être proposé, au moins hors heures de pointes. Le prix de ce billet doit être inférieur au coût marginal moyen d'utilisation d'une voiture, soit un peu moins que deux billets plein tarif.

Tarif réduit hors heures de pointes

On gagnerait à proposer des tarifs réduits en dehors des heures de pointes : 25 % pour tous, 50 % pour les titulaires de la carte Illico liberté, afin de fidéliser les occasionnels.

Le tarif réduit de 50 % pour les titulaires des la carte Illico liberté (plus 3 accompagnateurs) devrait au minimum être étendu aux vacances scolaires de la zone A, comme cela se pratique dans de nombreuses régions.

Tarification adaptée à l'usage professionnel

Dans une société qui accorde une grande valeur à la facilité, la voiture est là encore avantagée. Une voiture de service avec une carte d'essence et d'autoroute représente la facilité maximale : il n'y a rien à prévoir, seulement à partir et à rouler. L'utilisation de sa voiture personnelle nécessite un remboursement différé des frais. Le train cumule les difficultés, car il faut acheter le billet d'avance et se le faire rembourser ensuite.

Cartes de transports d'entreprise à post-paiement

Pour faciliter l'usage du train régional et des transports en commun urbains pour les déplacements professionnels, on pourrait imaginer des cartes de transports d'entreprise à post-paiement, fonctionnant comme les cartes d'essence et d'autoroute. Etablie au nom de l'employeur, la carte serait confiée à l'employé qui part en mission, afin de lui permettre de payer le TER, le bus, le métro ou tram, sans avoir à faire l'avance. A la fin du mois, l'employeur recevrait une facture récapitulant les trajets payés avec la carte. Un code confidentiel permettrait de s'assurer que c'est bien un employé autorisé qui a utilisé la carte pour un déplacement professionnel. Les transports publics auraient ainsi gagné la bataille de la facilité !

Tarification TER accessible aux marchés publics

Dans le cadre du code des marchés publics, il est actuellement très difficile pour les administrations de bénéficier de billets avec la tarification régionale TER, qui n'est pas commercialisée par les agences de voyage, mais uniquement par la SNCF. Or la SNCF ne répond habituellement pas aux appels d'offres.

Une sensibilisation aux bonnes pratiques pour les marchés publics de titres de transports devrait :

  • inciter les administrations publiques à faire un lot TER distinct du lot TGV et Intercités

  • inciter la SNCF à répondre directement aux appels d'offres ou à commercialiser la gamme tarifaire TER via les agences de voyages