Intervention d'Alain Caraco au Conseil municipal de Chambéry le 1er juin 2015 au sujet du rapport N°3 : Modification n°6 du PLU

Monsieur le Maire, Madame Beaud, Cher(e)s Collègues,

Nous souhaitons attirer votre attention sur trois points :

1. la modification des règles de stationnement automobile

2. la modification des règles de stationnement des vélos

3. la suppression de l'orientation d'aménagement des portes de Mérande

1. La modification des règles de stationnement automobile

Il s'agit de la partie 2.3 (pp. 159 à 161).

La loi ALUR modifie l'article L.111-6-1 du code l'urbanisme réglementant l'emprise au sol des surfaces affectées au stationnement. Le PLU peut désormais fixer ce plafond entre les trois quarts et la totalité de la surface de plancher affectée au commerce.

En choisissant d'autoriser le maximum légal, à savoir la totalité et non les trois quarts, vous faîtes le choix d'ene politique de déplacement favorisant l'usage individuel de l'automobile, malgré tous ces inconvénients bien connus en matière de congestion, de pollution et de participation au dérèglement climatique.

Plus grave, ce choix est renforcé par celui relatif au stationnement des vélos, pour lequel vous proposez au contraire de redescendre au minimum légal.

2. La modification des règles de stationnement des vélos

Il s'agit de la partie 7.5 (pp. 219 à 221). Je cite l'introduction :

La Ville de Chambéry souhaite favoriser l’utilisation du vélo comme mode de déplacement, en garantissant des capacités de stationnement vélo au sein ou à proximité immédiate des constructions. Les dispositions actuelles peuvent néanmoins constituer un frein à la réalisation d’opérations de logements collectifs. Il est donc proposé de fixer la surface minimale d’une place de stationnement vélo (espace de manœuvre compris) à 1 m². Par ailleurs, il est proposé de dispenser les constructions pour lesquelles une implantation à l’alignement est obligatoire de la réalisation de places de stationnement pour les visiteurs, compte tenu de l’impossibilité technique de satisfaire cette exigence. Enfin, l’exigence réglementaire est plafonnée à 20 arceaux pour le stationnement des clients des commerces.

La Ville choisit donc de faire descendre la surface minimale d’une place de stationnement vélo (espace de manœuvre compris) de 1,5 m² à 1 m². On notera d'abord, en contradiction avec la déclaration d'intention en faveur du vélo, que la surface occupée par un vélo utilitaire en stationnement est de l'ordre de 1,3 m² (longueur 1,90 m x largeur guidon 70 cm : je vous invite à mesurer vous-même votre vélo pour vous en convaincre). A cette surface, il faut ajouter un espace de manœuvre, pour garer et sortir le vélo. Car un vélo n'a évidemment d'intérêt comme mode déplacement que si on peut y accéder facilement. Un vélo qui dort dans un garage n'est qu'un objet encombrant.

Cette modification a été maintenue malgré l'avis défavorable de Chambéry Métropole du 30 mars 2015 :

La surface minimale nécessaire pour une place de stationnement vélo vélo est physiquement de 1,5 m², espace de circulation compris. Indiquer une surface minimale de 1 m² et imposer le nombre de places va aboutir à la conception de locaux vélo non fonctionnels.

Le guide officiel du CEREMA (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement) indique :

Le stationnement d’un vélo avec un arceau réclame une surface d’1,5 à 2 m² , espace de manœuvre compris, alors qu’un box pour une voiture particulière occupe 15 à 20 m²

Imaginerait-on un instant économiser de la surface de construction en réduisant la place minimale de stationnement automobile de 12 à 8 m², espace de manœuvre compris ?

P. 107, la Ville indique avoir bien noté les remarques formulées par Chambéry Métropole, mais décide de ne pas en tenir compte :

Il appartient aux constructeurs de trouver des solutions innovantes, plus économes en surfaces bâties.

Quelles sont ces solutions innovantes ?

  • Pendre les vélos à un crochet ? Cette solution convient bien pour des vélos légers peu utilisés, mais pas pour des vélos d'usage quotidien, plus lourds et plus encombrants (sacoches, paniers, sièges enfants, VAE). C'est une solution pour les vélos de course (au singulier), pas pour les vélos de courses (au pluriel, pour reprendre le nom de l'opération initiée par Chambéry Métropole pour faciliter les achats à vélo).
  • Utiliser des racks à vélo sur deux niveaux, comme à la Vélostation ? Cette solution nécessite un très bonne gestion de l'espace, difficile à mettre en œuvre dans le logements collectif, afin que les places en bas soient réservée aux vélos les plus lourds et plus encombrants. De plus, le mobilier de stationnement est beaucoup plus cher à l'achat et en maintenance que de simples arceaux.

Grâce à une solution innovante, les sardines en boîte occupent beaucoup moins de place que les sardines dans la mer. Mais les sardines en boîte n'y sont mises qu'une seule fois et n'en sorte qu'une seule fois également, pour être mangées. Veut-on stocker des vélos qui seront inutilisés pendant plusieurs années et qui ne sortiront que pour un ultime voyage vers la déchetterie ?

Si on reprend l'exemple du stationnement des voitures, on pourrait réduire leurs espace de stationnement grâce à une solution innovante. Par exemple une grue qui les prendrait en charge à l'entrée du parking et les ferait descendre directement sur leur place, à la verticale. On économiserait sûrement ainsi de la surface. Mais une telle solution ne serait évidemment ni économique, ni pratique, ni même réaliste.

Depuis quatre ans, une démarche d'harmonisation des PLU des communes de l'agglomération a été entreprise et la plupart des PLU ont retenu une surface minimale de 1,5 m². A l'approche du futur PLU Intercommunal, il n'est guère judicieux de faire marche arrière.

Chambéry a su être innovante en matière de déplacements à vélo. Voter la modification telle que vous la proposez serait une régression.

C'est pourquoi nous proposons :

  1. de maintenir les règles de surface figurant actuellement dans le PLU (1,5 m² par place),
  2.  de supprimer le plafonnement à 20 places devant les commerces,
  3. de compléter la suppression de l'obligation de créer des places visiteurs pour les constructions dont l'implantation à l'alignement est obligatoire par un engagement de la Ville à créer ces places sur la voie publique à une distance maximale de 50 m de l'entrée du bâtiment concerné,
  4. d'adopter la rédaction proposée par Chambéry Métropole pour la description qualitative des locaux pour le stationnement des vélos (p. 107).

3. La suppression de l'orientation d'aménagement des portes de Mérande

Il s'agit de la partie 10.1.2 (pp. 230 à 233).

Les études ayant remis en cause la faisabilité tant technique qu'économique de la couverture de la dalle recouvrant les voies ferrées, vous proposez la suppression des cheminements piétons et cyclables initialement prévus. Si le projet initial n'est plus d'actualité, il convient néanmoins de ne pas passer par pertes et profits la prise en compte des cheminements piétons et cyclables. Ceux-ci seront d'autant plus difficiles que l'avenir du PN 27, faubourg Nézin, est plus qu'incertain.

Nous demandons donc que le nouveau document graphique prévoie explicitement un nouveau cheminement piéton et cyclable franchissant la voie ferrée. Il conviendrait d'étudier par exemple un élargissement du pont des Amours ou un passerelle cyclo-piétonne parallèle à celui-ci.

---

Vous l'aurez compris, nous ne pourrons pas approuver ces trois modifications.

Je vous remercie, Monsieur le Maire, Madame Beaud, Cher(e)s Collègues, de votre attention.