La scène a lieu dans un des rares cars, plein à 100 %, remplaçant les nombreux trains TER, un jour de grève. Une conversation s'engage avec une dame, retraitée.

Elle : A quelle heure ce car arrive à Lyon ?

Moi : A 13 heures.

Elle : Il met 1h30 ? C'est beaucoup plus long qu'en train.

Moi : Les trains mettent 1h26, quand ils sont à l'heure.

Elle : Ca dépend des trains. Si ont choisit ceux sans arrêts intermédiaires, ça va beaucoup plus vite.

Moi : Tous les trains de la ligne ont des arrêts intermédiaires et mettent 1h26 depuis plusieurs années. Il doit juste y avoir un TGV par jour qui va un peu plus vite, mais pas forcément à des horaires commodes.

Elle : Ah bon ? C'est vrai que je n'ai pas pris le train sur cette ligne depuis longtemps. Mais j'étais obligée de la prendre aujourd'hui, parce que j'avais un avoir valable six mois, jusqu'à aujourd'hui inclus.

Moi : Et vous avez quelque chose à faire à Lyon ?

Elle : On va bien trouver. Je ferai les magasins. Et au retour, je rentrerai avec un des rares trains de l'après-midi. Il y a une correspondance en 8 minutes à Aix-les-Bains. Je ne voulais pas perdre mon avoir. Et en plus, mon avoir est supérieur de quelques euros au prix du billet et il ne m'ont même pas rendu la monnaie. C'est quand même notre argent.

Moi : Vous aviez six mois pour utiliser votre avoir. Vous auriez peut-être pu voyager dans de bien meilleures conditions en évitant un jour de grève.

Elle : Je voyage quand je veux et en plus, je n'avais pas le temps avant. J'étais obligé de voyager aujourd'hui, sinon, je perdais mon avoir. Mon fils travaille à la SNCF. Je l'ai engueulé au téléphone ce matin. Il m'a dit qu'il y était pour rien. Moi, j'étais fonctionnaire pendant 20 ans, mais on n'avait pas le droit de grève. Enfin, on l'avait mais on ne faisait pas grève. Enfin si, une heure ou deux de temps en temps. Aucune société privée se comporterait comme ça. Vivement la privatisation !

Puis elle s'est endormie et j'ai posé mon ordinateur sur une minuscule tablette face à un siège étroit pour garder le souvenir de ce dialogue édifiant pour servir à l'étude des mentalités.