Hulot dans Libération

Dans Libération, un entretien avec Nicolas Hulot, dont je cite un extrait :

Borloo promeut une croissance verte…

Il ne faut pas que ce terme générique cache une obstination dans une croissance débridée. Or, sur certains points, il faudra bien opérer une décroissance. Si l’on veut éviter soit une pénurie, soit la diminution drastique des ressources, par exemple le poisson, l’eau, l’énergie, il faut réduire les prélèvements à l’échelle de la planète. Et ce n’est pas être dogmatique que de dire cela. Nous sommes face à une équation qui résume toutes les contradictions du développement durable : comment accompagner une croissance économique en tenant compte de flux qui se raréfient ou qui sont insupportables compte tenu de la réalité environnementale et du réchauffement climatique ? Il y a des choses très pertinentes dans le mouvement de la décroissance. Et il est regrettable que le Grenelle fasse l’économie d’une interrogation fondamentale, presque philosophique, sur la croissance et, surtout, sur sa compatibilité avec la réalité de la crise écologique.

Pendant le Grenelle, la commission Attali a rendu ses conclusions. Ces processus ne sont-ils pas contradictoires ?

Si. D’un côté, vous avez le Grenelle, où doit s’ordonnancer une rupture civilisationnelle, et, de l’autre, une commission, dont l’objet est de faire sauter les verrous de la croissance sans se poser une seconde la question de ses effets pervers. Il va bien falloir purger ces contradictions.

Malgré tous les kilomètres en hélicoptère qu'on peut lui reprocher, les partisans de la décroissance vont-ils enfin cesser de dénoncer Hulot, qui est leur porte-paroles au delà du cercle des initiés ?

Jancovici dans Le Monde

Dans Le Monde, un portrait de Jean-Marc Jancovici, dont je cite la conclusion :

Oui, mais la croissance avec un grand "C" ? Dans la dernière livraison de la revue La Jaune et la Rouge, il argumente que la tertiarisation de l'économie est insuffisante pour déconnecter les flux matériels de la croissance. Qu'en conclusion la croissance économique n'est pas plus durable que tenable.

Décroissant, "Janco" ? Il s'en sort par un artifice comptable – une astuce de calcul qui sied bien au polytechnicien et qu'il détaille dans son dernier livre (Le Plein s'il vous plaît, Seuil, 2006). Il suffirait, en somme, d'intégrer la hausse des prix à la notion de croissance. Hérésie économique ! Car la croissance ainsi calculée pourrait être positive, concède-t-il, "quand bien même la ménagère verrait son pouvoir d'achat diminuer". Rien, en somme, ne sépare Jean-Marc Jancovici de la décroissance : à peine la politesse des chiffres.