Publié dans le numéro 399 (novembre 2005), ce palmarès a été réalisé à l'initiative de la Ligue contre la violence routière et doit être salué. Enfin on parle de la voiture en mettant l'accent sur les dangers qu'elle peut causer aux autres et sur sa pollution. Il n'est guère surprenant que ce palmarès ait été publié dans un magazine sans publicité.

L'éditorial de Marie-Jeanne Husset, directrice de la rédaction, précise l'état d'esprit dans lequel a été réalisé ce classement :

"Si nous voulons préserver  pour l'avenir la liberté de nous déplacer en voiture individuelle, il faudra susciter l'émergence de véhicules propres, économes, respectueux des hommes et de l'environnement".

Ici, pas de remise en cause de l'usage de l'automobile, mais seulement une tentative de responsabilisation de ses utilisateurs. C'est certainement insuffisant, mais c'est un premier pas dans la bonne direction. L'éditorial poursuit :

"Des constructeurs, il ne faut pas attendre grand chose [...]  Qui peut donc provoquer le grand bond en avant nécessaire ? Les consommateurs. Pour peu qu'ils disposent d'indicateurs simples guidant leurs choix".

60 millions de consommateurs prend acte de l'économie de marché, dans laquelle le comportement des consommateurs a au moins autant d'influence que celui des électeurs. Le magazine est conscient des limites de l'exercice :

"Les véhicules notés 13 ou 14/20 présentent  le mieux, aujourd'hui, les exigences d'une voiture citoyenne qui reste à inventer. Ce qui  ne dispense pas, bien sûr, le conducteur d'un comportement... lui aussi citoyen".

Il faut donc bien garder l'ordre des priorités à l'esprit, qu'on peut résumer sous forme d'un test en trois points.

  1. Dois-je vraiment utiliser ma voiture pour ce déplacement ? Ne pourrais-je pas y aller à pied, à vélo, avec les transports publics, en covoiturage, en taxi, en autopartage ou même éviter ce déplacement ?
  2. Si oui, je dois adopter une conduite respecteuse des autres et faiblement consommatrice et polluante. Par chance, conduire lentement est généralement peu dangereux, économique et moins polluant !
  3. Enfin, lorsque je dois acheter une voiture, la liste de 60 millions de consommateurs peut guider mon choix. Juste avant cet achat, je n'oublie pas de me demander : "ai-je vraiment besoin d'une voiture ?". Je me retrouve ainsi à nouveau face à la question 1 ;-)

Comme tout classement, celui de  60 millions de consommateurs est discutable. Les trois quarts de la note finale, sur 20, sont affectés à la sécurité (5 points pour la protection des occupants, 5 points pour la protection des piétons et des deux-roues et 5 points pour la protection des occupants des autres voitures) et seulement un quart pour la pollution. Personnellement, j'aurais fait 50/50. En ce qui concerne la pollution, elle a été mesurée sur les émissions moyennes de de CO2 en cycle urbain, qui était la seule disponible pour tous les véhicules. Je comprends cette raison, mais je regrette le fait qu'elle puisse légitimer l'usage urbain de l'automobile. Les émissions en cycle mixte, voire hors agglomération, m'auraient parues préférables. De même, ce type de classement ne permettra jamais de rappeler qu'une voiture moyennement classée, occupée par quatre personnes, pollue moins que quatre voitures bien classées, occupées chacune par une seule personne. Ne faisons cependant pas trop la fine bouche : ce classement est le premier du genre et il a le mérite d'exister. Le détail du classement est en ligne sur le site de la Ligue contre la violence routière et doit et actualisé tous les mois.