En 2008 encore, j'ai effectué l'essentiel de mes trajets domicile-travail et professionnels sans voiture
Par Alain Caraco le samedi 27 décembre 2008, 21:00 - Multimodal - Lien permanent
Pour la quatrième année consécutive, j'ai tenu des statistiques sur mes trajets domicile-travail et professionnel, afin de voir dans quelle mesure je pouvais me passer de la voiture. Au delà du recueil des données, ce billet reprend et actualise les observations des années précédentes.
Les données
En nombre de trajets
Mode de transport | Nombre de trajets | Pourcentage |
---|---|---|
Vélo | 365 | 49% |
Bus * | 161 | 22% |
Train | 79 | 11% |
Marche à pied | 79 | 11% |
Covoiturage | 23 | 3% |
Voiture | 22 | 3% |
Taxi | 7 | 1% |
Avion | 4 | 1% |
Total | 740 | 100% |
* ou métro et tram dans les villes qui en sont équipées
En kilomètres
Mode de transport | Urbain | Extra-urbain | Total | Pourcentage |
---|---|---|---|---|
Vélo | 1 095 | 1 095 | 6% | |
Bus * | 805 | 360 | 1 165 | 6% |
Train | 14 130 | 14 130 | 75% | |
Marche à pied | 79 | 79 | 0% | |
Voiture | 110 | 110 | 1% | |
Covoiturage | 115 | 270 | 385 | 2% |
Taxi | 14 | 20 | 34 | 0% |
Avion | 1 900 | 1 900 | 10% | |
Total | 2 218 | 16 680 | 18 898 | 100% |
* ou métro et tram dans les villes qui en sont équipées
Méthodologie
Je note sur un petit agenda mes déplacements quotidiens avec V (pour vélo), B (pour bus, tram, métro), T (pour train), P (pour à pied), A (pour automobile), C (pour covoiturage) ou Taxi (en toutes lettres !). Si je vais en dehors de l'agglomération chambérienne, je note la ville de destination. En fin d'année, je reporte le tout dans un tableur. Pour les trajets à l'intérieur de l'agglomération, j'utilise des valeurs kilométriques forfaitaires par mode de transport :
- à pied : 1 km par trajet
- taxi : 2 km par trajet
- vélo : 3 km par trajet
- bus, covoiturage ou voiture : 5 km par trajet
Pour les trajets extra-urbains, ce sont les kilomètres réels qui ont été comptés.
Pour mémoire, les données des années précédentes, guère différentes :
- 2005 (trajets et kilomètres)
- 2006 (trajets et kilomètres).
- 2007
Quelques observations
Le train
Les 50 trajets en Rhône-Alpes (Annecy, Grenoble, Lyon, Saint-Etienne, Valence) représentent 28% du kilométrage effectué en train, tandis que les 16 trajets grandes lignes (Amsterdam, Marseille, Montpellier, Paris, Reims) totalisent 72%.
Le vélo à assistance électrique
J'utilise depuis octobre 2007 un vélo à assistance électrique. Ce dernier m'offre un réel confort supplémentaire pour gravir la côte qui me conduit au bureau à l'aller ou à la maison au retour (mon trajet quotidien a un profil en V), mais aussi pour redémarrer rapidement après les nombreux arrêts inévitables en centre ville ou encore pour me rendre sans hésiter à vélo à des réunions loin du centre ville. Le vélo à assistance électrique me permet de retrouver la sécurité et l'agrément d'un vélo hollandais (position droite, vitesses dans le moyeu, pare-chaîne quasi-intégral) dans une agglomération au relief alpin !
L'avion
La particularité de 2008 est l'usage de l'avion (que je n'avais pas pris depuis 2005) pour deux voyages professionnels, à Bordeaux et à Pau. Ceci met en évidence les limites de l'action individuelle : pour utiliser des transports peu polluants, encore faut-il qu'ils existent. Et dans ces deux cas, les trajets en train de Rhône-Alpes vers l'Aquitaine étaient à la fois beaucoup plus longs (même en comptant le temps perdu pour accéder à l'aéroport et pour embarquer) et plus chers. On ne peut tout attendre des choix de la société ou des comportements des individus : les deux sont des acteurs indisociables de la mobilité durable. Contre-exemple s'il en fallait un : le voyage au Pays-Bas auquel j'ai participé, avec une quinzaine de personnes, était initialement prévu en avion. J'ai attiré l'attention des organisateurs sur l'existence d'une liaison TGV tout à fait commode entre Lyon et Amsterdam. Le voyage a finalement eu lieu en train. Faire éviter 15 allers-retours en avion me paraît être une compensation carbone plus crédible que donner quelques euros à une association spécialisée !
Les déplacements personnels
Je ne tiens pas de statistiques sur mes déplacements personnels, mais je peux donner quelques informations, à titre d'éclairage. J'utilise principalement le vélo et la marche à pied en ville et le train au delà. J'ai plus de peine à trouver des transports en commun disponibles lorque j'en ai besoin pour mes trajets personnels, c'est-à-dire principalement en soirée et le week-end, ainsi qu'à la campagne. C'est pourquoi nous avons encore une voiture pour deux, qui parcourt moins de 7000 kilomètres par an. Enfin, en 2008, nous avons pris l'avion (6000 km aller-retour) pour la première fois à titre personnel depuis 1990 !
Quelques scénarios
Scénario 1 : agir selon la norme
Imaginons un instant que j'aie agi selon la norme, c'est-à-dire que j'aie effectué tous mes trajets en voiture, sauf ceux hors de Rhône-Alpes, pour lesquels j'aurais pris le TGV ou l'avion. J'aurais alors parcouru en voiture 6 900 km, soit 36% du total, au lieu de 110 km (à peine plus de 0%), soit 63 fois plus !
Scénario 2 : vivre à la campagne, c'est plus écolo ?
Imaginons ensuite que, par goût de la nature, j'aie achété une maison à la campagne, à 15 km de mon travail (au lieu de 3 actuellement) et que, comme les deux tiers des français, j'effectue tous mes trajets en voiture, sauf les trajets hors Rhône-Alpes, effectués en TGV ou en avion. Ma voiture aurait parcouru 14 500 km (55% du total) au lieu de 110, soit 132 fois plus !
Scénario 3 : vivre à la campagne et tenter quand même d'être écolo
Imaginons enfin que, par goût de la nature, j'aie achété une maison à la campagne, à 15 km de mon travail mais que je sois allé tous les jours à vélo à la gare pour prendre le train (ce qui suppose une gare pas trop loin de chez moi, desservie par des trains à des heures qui me conviennent et accesssible à vélo sans trop de danger) en finissant mon trajet en bus urbain. J'aurais pu alors descendre à 0 km parcourus en voiture, mais avec un total de 26 500 km (au lieu des 18 898 que j'ai réellement parcourus en habitant et en travaillant en ville) et des trajets relativement longs et complexes.
Bien sûr, chaque situation est différente et il faut se garder de généraliser hâtivement. On peut cependant conclure :
- qu'il n'est pas bon pour l'environnement d'éloigner volontairement son domicile de son lieu d'activité, même pour disposer d'une maison plus grande et près de la nature
- que même si une bonne politique de transports (facilités pour les vélos, transports en commun pratiques, absence de facilités pour les voitures) est indispensable pour diminuer l'impact des transports sur l'environnement, les choix de chacun sont tout aussi importants
Conclusion
Quatre années de très faible utilisation de la voiture à titre professionnel ont notablement changé ma perception du temps. Je mets généralement plus de temps qu'un automobiliste pour me rendre d'un point à un autre. En revanche, je profite de mes trajets en train pour travailler au lieu de conduire. Surtout, j'ai appris à remplacer un grand nombre de réunions combinant trajet important et préparation insuffisante par un petit nombre de réunions, minimisant les trajets et optimisant la préparation ! Enfin, je n'ai vraiment pas l'impression d'être privé de mobilité.
Commentaires
Félicitations Alain.
Si j'utilise beaucoup les TC, j'avoue encore prendre pas mal ma voiture notamment pour aller du terminus du métro à mon boulot dans une commune limitrophe à Toulouse. Il faut dire que les bus ne sont pas toujours très attractifs :
- le matin, si je loupe mon bus, il me faut attendre 20 mn le suivant, or le matin, j'ai toujours un démarrage difficile,
- le soir, ils s'arrêtent relativement tôt (20h et des poussières) et ne respectent pas toujours les horaires (je me suis déjà fait piéger plusieurs fois car les bus passent régulièrement en avance ou en retard),
- les horaires varient selon les périodes.
Et comme je suis toujours dans le sens inverse des bouchons et qu'il y a un gros parking au bout du métro, j'ai tendance à choisir la solution de facilité. Classique.
Bonne fin d'année
Excellente analyse qui montre bien la complexité du problème. Il faut penser selon deux axes, celui de la collectivité et celui de la responsabilité individuelle. Ne pas dissocier la question du déplacement de celle de l'organisation générale de la société est indispensable. Il faut savoir tenir compte de l'aspect habitat mais aussi de l'aspect travail et pratiques sociales (cf les hypermarchés). A part la marche à pied, le kilomètre le moins polluant est celui qui n'est pas fait, mais il ne s'agit pas non plus d'avoir le sentiment d'être privé de mobilité comme le souligne fort justement la conclusion.
Admirable travail annuel que j'attends avec impatience ! Je n'ai pas le courage de noter tous mes déplacements (uniquement les jours de pluie ou de neige sur mes trajets domicile-travail ;-) ) mais je partage les conclusions à 100 %. Un déplacement est une équation à trois variables que chacun de nous tente d'optimiser :
déplacement = coût x confort x temps
J'arrive du Standblog. J'ai aussi un vélo électrique, un blog, et je note mes "économies" : merome.net/vae
Je suis à la campagne dans une maison. Cela ne m'empêche pas de prendre le VAE relativement souvent (évidemment, là, il fait -10 le matin, mais bon...)
En tout cas, mes encouragement pour vos efforts...
Chapeau Alain !
C'est pas bête, le Vélo à Assistance Electrique. Il faut que j'y pense :-)
"qu'il n'est pas bon pour l'environnement d'éloigner volontairement son domicile de son lieu d'activité, même pour disposer d'une maison plus grande et près de la nature"
Ouais, c'est vite dit, et ça dépend beaucoup de l'organisation des réseaux de transports en commun.
J'ai déménagé en dehors d'Aix en me rapprochant de mon travail, qui se situe dans une des plus grosses zones d'activités en France.
Je suis désormais à peu prêt à 7 ou 8 bornes. Donc je gagne du temps et des kilomètres de bouchon car je n'ai plus besoin d'entrer et sortir en ville.
En revanche, il était beaucoup plus simple de prendre les TC au départ de la ville que depuis mon nouveau domicile, qui est pourtant plus prêt.
En effet, la ZA où je travaille est très mal desservie: 3 lignes de bus seulement, un bus toutes les 20 minutes, et des bus qui ne vont pas dans toutes les parties de la zone.
Moi qui vit sur le trajet entre la ville et la ZA, je dois prendre un premier bus, faire tout le tour de la zone pour descendre à un arrêt et changer de bus, en espérant que ce second bus montera jusqu'à l'arrêt qui est prêt de mon boulot (oui, un bus sur deux sur cette ligne va jusque là, et pourtant on n'est pas dans les bois)
Le trajet en voiture, (hors bouchons bien sûr) prend 5 minutes.
Le trajet avec les deux bus prend 30 minutes.... (en supposant que je n'ai pas besoin d'attendre le premier bus)
Y a pas comme un problème ?
J'ai décidé d'abandonner totalement la voiture il y a deux ans suite à mon installation en centre ville.
J'économise :
- l'assurance (300€/an ?)
- le parking (300€/an ?)
- l'essence (800€/an ?)
- les PVs (100€/an ?)
- les réparations et l'entretien (100€/an ?)
- sans oublier le prix de la voiture, mettons une voiture d'occaz sur 10 ans (500€/an)
Et ça me coute :
- un abonnement bus (400€/an)
- un véhicule utilitaire quand j'achète des meubles (20€/an)
- un loyer un peu plus cher en centre ville mais de toute façon je préfère...
- les TER ou voiture de loc pour partir en week end (200€ / an ?)
Résultat je pense gagner à peu près 1500€ chaque année. Et je n'ai pas non plus l'impression de manquer de mobilité, au contraire : pas de voiture à garer et à récupérer, donc plus de liberté, j'arrive où je veux et je repars d'où je veux. Un peu de perte de temps dans les trajets mais il est possible de bouquiner. Après la couverture géographique n'est pas tout à fait la même (surtout la nuit), mais bon les bus vont aussi jusqu'en campagne le dimanche...
Tout ça pour dire que le bilan financier est également à prendre en compte et qu'il est très intéressant.
Perso, pour mes déplacements quotidiens, je n'utilise que le vélo, et je suis loin de ressentir une perte de mobilité. En fait c'est tout le contraire : quand je vois les tonnes de voitures coincées dans les embouteillages alors que je peux me faufiler partout, ça me donne toujours le sourire aux levres.
Alain,
Quelles sont tes impressions/remarques sur le covoiturage comme tu en as fait un petit peu ?
Je trouve le covoiturage globalement plus contraignant que les transports en commun. C'est pourquoi j'en fais très peu. En fait, je n'organise quasiment jamais de covoiturage, sauf pour aller dans des endroits non desservis par les transports en commun. Je fais du covoiturage opportuniste, c'est-à-dire que si je sais que quelqu'un va au même endroit que moi, au même moment que moi et en voiture, j'essaie d'abord de le convaincre d'y aller en train ou en bus. Et, si je n'y arrive pas, alors, je monte dans sa voiture si cela me fait vraiment gagner du temps par rapport au train ou au bus.
Bonjour Alain,
Bravo et passionnant. Il manque juste une estimation du temps passé à se déplacer avec les divers modes, un aspect très prisé par les économistes. On pourrait alors en déduire une vitesse moyenne de déplacement.
Amitiés cyclistes
Frédéric
Je manque de méthode pour répondre à ta question. Comme je l'ai écrit : "Je mets généralement plus de temps qu'un automobiliste pour me rendre d'un point à un autre." En fait, cela dépend. Pour un trajet domicile-travail courant, je mets à peu près le même temps à vélo ou en voiture (15 minutes). C'est plus lent en bus (25 à 35 minutes) et à pied (35 à 45 minutes). Pour aller à Annecy, c'est également plus lent en porte à porte en train (1h45) qu'en voiture (1h00). Mais dans le train, je fais autre chose (lire, écrire, manger, dormir). Idem pour Lyon (2h00 train contre 1h30 voiture) ou Grenoble (1h30 train contre 1h00 voiture). En revanche, pour Paris, il n'y a pas photo (3h30 en TGV, contre au moins 7 heures en voiture et au moins 4 heures en avion, toujours porte à porte). Et c'est également vrai pour la majorité des déplacements longue distance, sauf vers le sud-ouest de la France, où l'avion fait vraiment gagner du temps (ah, le Massif Central !).
Mais le temps de parcours n'est qu'un de mes critères de choix ; ce n'est pas le seul ni même le principal. Je fais mon propre cocktail de critères, qui comprend le temps, l'impact écologique, la sécurité, les difficultés de circulation et de stationnement, le prix mais aussi le confort, l'agrément et la sérénité. Bref, pour sortir de la monoculture de l'automobile, il faut d'abord sortir sur la monoculture du temps !
Scénario 3 : 15 km de distance ne sont pas un motif suffisant pour une utilisation quotidienne d'une voiture automobile. Le vélomobile (tricycle carrossé fr.wikipedia.org/wiki/Vé... ) est une alternative tout à fait crédible jusqu'à des distances de 35 km (voir par exemple le blog de Valentin Guilhem guilhem.valentin.free.fr/... et son entretien avec Wheelz www.weelz.fr/fr/velo-urba... ).
Certes, c'est totalement marginal en France actuellement mais il y en a plusieurs centaines au Pays-Bas, Allemagne et Belgique.
Et avec une assistance électrique, 99 % de la population pourrait utiliser un tel engin.
Le prix d'un tel engin est encore prohibitif pour beaucoup (4000 à 6000 €) mais le bilan financier sur 5 ans est totalement en faveur du vélomobile contre l'automobile et la fabrication en grande série ferait baisser les prix pour les rendre comparables à ceux d'un scooter.